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segunda-feira, 1 de janeiro de 2007

681) A Uniao Europeia chega as margens do Mar Negro

Foi um longo caminho desde Sebastopol (1856), mas a Europa alcança novamente as margens do Mar Negro, com direito a todas as confusões que ali se manifestam...

Une zone de tensions géostratégiques
LE MONDE 01.01.07

L'entrée dans l'Union européenne (UE) de la Roumanie et de la Bulgarie, le 1er janvier, jette un coup de projecteur sur la mer Noire, espace stratégique où se concentrent de nombreux enjeux de la relation entre l'Europe et la Russie.

Cette mer-là n'est pas très présente dans les consciences européennes. La dernière fois qu'elle a suscité des passions dans nos capitales remonte à la guerre de Crimée, lorsque Napoléon III et la reine Victoria lançaient leurs troupes à l'assaut de Sébastopol, en 1854 !

Pourtant, c'est bien dans cette zone que se posent aujourd'hui d'importantes questions : l'expansion des normes démocratiques, les futures routes des hydrocarbures, l'apaisement de divers conflits territoriaux, la stabilité du Sud-Est européen et du Caucase, les migrations clandestines, les trafics d'armes et de drogues...

Après la Méditerranée et la Baltique, la mer Noire devient la troisième mer de l'Europe, avec son lot de problèmes et d'opportunités. Pendant la guerre froide, elle n'était qu'une zone figée, partagée entre le bloc communiste - qui, de la Géorgie à la Bulgarie, détenait le plus long rivage - et, au sud, la Turquie, membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) depuis 1951.

RECUL RUSSE

Les bouleversements entraînés par la chute du mur de Berlin, la disparition de l'URSS (1991), puis les "révolutions" en Géorgie (2003) et en Ukraine (2004), ont profondément changé la donne. Pour la Russie, parvenue de haute lutte sur cette "mer chaude" au XVIIIe siècle, du temps de Catherine la Grande, il s'agit d'un recul géopolitique important.

La portion contrôlée aujourd'hui par Moscou se limite à une bande étroite allant de la ville balnéaire de Sotchi, où le président Poutine dispose d'une résidence d'été, à la mer d'Azov, face à l'Ukraine. La flotte russe mouillant à Sébastopol a le droit d'y rester jusqu'en 2017. M. Poutine a exprimé le souhait que le bail soit prolongé : l'affaire n'est pas acquise.

Membres de l'OTAN, la Roumanie et la Bulgarie vont accueillir des bases militaires américaines. La Géorgie veut rejoindre l'Alliance atlantique. L'Ukraine a récemment gelé les projets qu'elle avait dans ce sens, mais elle est devenue un partenaire peu fiable pour Moscou - et un "pays pivot" pour l'Europe.

"CONFLITS GELÉS"

La mer Noire est un espace constellé de "conflits gelés" dans la résolution desquels l'UE joue, pour l'heure, un rôle marginal. Ils concernent des régions séparatistes soutenues par Moscou, qui y maintient des troupes. En Abkhazie, l'Organisation des Nations unies (ONU) a déployé, en 1994, une force de maintien de la paix, cas unique dans la zone de l'ancienne URSS. En Ossétie du Sud et en Transnistrie, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) tente depuis des années de jouer les médiateurs. L'UE a pris une initiative en déployant, fin 2005, une mission d'observation à la frontière entre Transnistrie et Ukraine, non sans protestations russes.

L'espace de la mer Noire est en réalité devenu une zone de confrontation entre deux conceptions opposées : l'une "euro-atlantique", défendue aux Etats-Unis par le lobbyiste Bruce Jackson, qui a ses entrées dans l'administration Bush ; l'autre prorusse ou "euro-asiatique", développée à Moscou par les partisans d'un pouvoir nationaliste usant du gaz comme moyen de pression.

Les Européens assistent, sans mettre beaucoup de poids dans la balance, à cet affrontement. La présidence allemande de l'UE a annoncé que la mer Noire serait l'une de ses priorités au cours des six prochains mois ainsi que les relations avec l'Asie centrale, source alternative d'énergie face à la Russie. Berlin veut une réflexion sur la "politique de voisinage" de l'Europe vers la mer Noire.

Depuis 1993, le projet européen Traceca vise à développer une nouvelle "route de la soie", dotée d'une dimension énergétique, reliant Asie centrale, Transcaucasie, mer Noire et Europe centrale. Ce chantier a encore peu de visibilité.

L'une des questions posées touche au projet de gazoduc intitulé Nabucco reliant l'énorme champ de Shah Deniz, en Azerbaïdjan, à la Hongrie, en passant par la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie, en évitant la Russie.

Un feu vert européen a été donné, en juin 2006, à sa construction. La société russe Gazprom aimerait neutraliser cette concurrence potentielle en obtenant que le gazoduc Blue Stream, reliant la Russie à la Turquie sous la mer Noire, soit à terme branché sur Nabucco. Le choix des Européens aura d'importantes répercussions. Le financement de Nabucco, de l'ordre de 4 milliards d'euros, dépend des compagnies pétrolières, et il n'est pas assuré à ce stade.

"LA GUERRE MOLLE"

La promotion de la vision "euro-atlantique" a débouché, ces dernières années, sur l'apparition de plusieurs organisations régionales, parrainées à des degrés divers par les Etats-Unis : le GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie, en 1997), la Communauté de choix démocratique (2005), enfin le Forum de la mer Noire pour le partenariat et le dialogue, né, en juin 2006, sous l'égide du président roumain Traian Basescu.

Ce dernier se passionne pour les questions stratégiques touchant à la mer Noire, qu'il a eu l'occasion d'expliquer à George Bush dans le bureau ovale de la Maison Blanche, dès mars 2005, peu après son élection. La Russie, qui ne fait partie d'aucune de ces structures, a, en particulier, très mal pris la création du Forum, financé par des fondations américaines. Elle n'y a dépêché que son ambassadeur en poste à Bucarest, en lui interdisant de prendre part aux débats.

En accédant aux rivages de la mer Noire, l'Union se trouvera obligée de regarder de plus près les tensions qui parcourent cette zone, après y avoir laissé le plus souvent les Etats-Unis endosser le rôle du "protecteur" - ce qui a braqué une Russie convaincue de faire l'objet d'un vaste plan d'endiguement. Mais Moscou n'a pas, de son côté, respecté l'engagement pris, en 1999, d'évacuer toutes ses troupes de Géorgie et de Transnistrie.

Les Européens devront être plus présents, notamment s'agissant de la Géorgie, pays visé, depuis septembre, par un embargo russe qui semble avoir comme objectif de déstabiliser un pouvoir élu démocratiquement. Le cas de la Transnistrie, qui a tenu, en septembre, un référendum sur son "indépendance", prendra aussi plus d'acuité, au moment où la Moldavie cherche des soutiens européens.

Dans un article intitulé "The Soft War for Europe's East" ("La guerre molle pour l'Europe de l'Est"), Bruce Jackson a exposé, en juillet, la vision américaine d'une "grande mer Noire" où la "promotion de la démocratie" viendrait contrer les ambitions "revanchardes" de Moscou.

Dans cet espace, les objectifs et les valeurs occidentales et ceux de la Russie sont incompatibles, argue-t-il. C'est là, prédit-il avec emphase, que "pour la première fois, depuis cent cinquante ans (...) et le siège de Sébastopol, les relations entre la Russie et l'Europe vont se définir pour les premières décennies du XXIe siècle".

Vision exagérée ? Les Etats-Unis ont mis tout leur poids dans la balance, depuis le milieu des années 1990, pour faire de la mer Noire une zone importante d'évacuation des hydrocarbures d'Asie centrale, contournant la Russie. L'oléoduc BTC, qui relie l'Azerbaïdjan à la Turquie, ainsi que le gazoduc entre Bakou et Erzerum (Turquie) résultent de cette politique. Face aux enjeux qui se profilent, les Européens déploient peu de moyens et peinent à formuler une vision stratégique claire qui regarderait au-delà de l'élargissement qui vient d'avoir lieu.

Natalie Nougayrède
Article paru dans l'édition du 02.01.07.

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