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quinta-feira, 1 de junho de 2023

Démocratie : la fin d'un modèle ? - Grand entretien avec Francis Fukuyama - Dominique Moisi (Institut Montaigne)

    Institut Montaigne é um think tank liberal francês: 

Dans la famille Occident…
La newsletter hebdomadaire de l'Institut Montaigne

Que reste-t-il de la famille Occident ? C’est la question que nous avons posée cette semaine à Francis Fukuyama, dans un entretien exceptionnel qu’il a accordé à l’Institut Montaigne. La démocratie, qui a longtemps joué son rôle de carte maîtresse, a perdu de son élan et de son attrait, dans un monde multipolaire en recomposition. Dans le jeu de cartes occidental, une nouvelle pièce a fait son apparition il y a un an : la Communauté politique européenne. Elle se réunit aujourd’hui pour son deuxième sommet à Chisinau en Moldavie. Atout ou Joker pour l’UE ? Antichambre de l’adhésion ou machin sans avenir ? Son format, ses membres et son objet poussent, pour l’instant, à un certain optimisme. Dans la famille Europe du Sud, je demande maintenant l’Espagne, où le Premier ministre Pedro Sanchez vient d’essuyer une défaite aux élections municipales et régionales. De quoi bouleverser la présidence tournante de l’UE qui démarre le 1er juillet ? Les élections anticipées du mois de juillet pourraient, de nouveau, changer la donne. Éprouvés, la grande famille européenne et son pater occidental sont bien loin d’être défaits.

Ailleurs dans notre actualité : nous clôturons cette semaine la troisième saison de notre podcast Globe Penseur, en analysant l’actualité internationale de ces derniers jours : du G7 au sommet de la Ligue arabe en passant par la visite du président français en Mongolie. Détour ensuite par la Chine, où nous interrogeons l'internationalisation de la monnaie chinoise, le renminbi. Retour en France enfin, pour la journée mondiale sans tabac, où l’on s’intéresse aux politiques publiques menées pour réduire le tabagisme dans le pays.

30/05/2023

Démocratie : la fin d'un modèle ? - Grand entretien avec Francis Fukuyama


Senior Fellow à l'Institut d'études internationales Freeman Spogli de l'Université de Stanford

Conseiller spécial ​- Géopolitique

Quelles perspectives pour le modèle démocratique à l’heure d’un monde multipolaire ? Peut-il encore prospérer ou a-t-il entamé son inexorable déclin ? Dans ce grand entretien accordé à l’Institut Montaigne, Francis Fukuyama répond aux questions de Dominique Moïsi sur l’avenir de la démocratie, les dix ans de la guerre en Irak et le sombre chapitre ouvert par le conflit russo-ukrainien. Ce grand entretien est aussi l’occasion de retracer le parcours d’une pensée mise à l’épreuve par les défis de son temps; le cheminement d’un intellectuel aussi influent que l’auteur de La fin de l’histoire.

 

https://www.institutmontaigne.org/expressions/democratie-la-fin-dun-modele-grand-entretien-avec-francis-fukuyama

 

Dans la famille Occident…

Que reste-t-il de la famille Occident ? C’est la question que nous avons posée cette semaine à Francis Fukuyama, dans un entretien exceptionnel qu’il a accordé à l’Institut Montaigne. La démocratie, qui a longtemps joué son rôle de carte maîtresse, a perdu de son élan et de son attrait, dans un monde multipolaire en recomposition. Dans le jeu de cartes occidental, une nouvelle pièce a fait son apparition il y a un an : la Communauté politique européenne. Elle se réunit aujourd’hui pour son deuxième sommet à Chisinau en Moldavie. Atout ou Joker pour l’UE ? Antichambre de l’adhésion ou machin sans avenir ? Son format, ses membres et son objet poussent, pour l’instant, à un certain optimisme. Dans la famille Europe du Sud, je demande maintenant l’Espagne, où le Premier ministre Pedro Sanchez vient d’essuyer une défaite aux élections municipales et régionales. De quoi bouleverser la présidence tournante de l’UE qui démarre le 1er juillet ? Les élections anticipées du mois de juillet pourraient, de nouveau, changer la donne. Éprouvés, la grande famille européenne et son pater occidental sont bien loin d’être défaits.

Ailleurs dans notre actualité : nous clôturons cette semaine la troisième saison de notre podcast Globe Penseur, en analysant l’actualité internationale de ces derniers jours : du G7 au sommet de la Ligue arabe en passant par la visite du président français en Mongolie. Détour ensuite par la Chine, où nous interrogeons l'internationalisation de la monnaie chinoise, le renminbi. Retour en France enfin, pour la journée mondiale sans tabac, où l’on s’intéresse aux politiques publiques menées pour réduire le tabagisme dans le pays.

 

Grand Entretien : 

L’Histoire selon Fukuyama

Quelles perspectives pour le modèle démocratique à l’heure d’un monde multipolaire ? Peut-il encore prospérer ou a-t-il entamé son inexorable déclin ? Dans ce grand entretien accordé à l’Institut Montaigne, Francis Fukuyama répond aux questions de Dominique Moïsi sur l’avenir de la démocratie, les dix ans de la guerre en Irak et le sombre chapitre ouvert par le conflit russo-ukrainien.

 

30/05/2023

Démocratie : la fin d'un modèle ? - Grand entretien avec Francis Fukuyama

 

Francis Fukuyama

Senior Fellow à l'Institut d'études internationales Freeman Spogli de l'Université de Stanford

 

Dominique Moïsi

Conseiller spécial ​- Géopolitique

 

Quelles perspectives pour le modèle démocratique à l’heure d’un monde multipolaire ? Peut-il encore prospérer ou a-t-il entamé son inexorable déclin ? Dans ce grand entretien accordé à l’Institut Montaigne, Francis Fukuyama répond aux questions de Dominique Moïsi sur l’avenir de la démocratie, les dix ans de la guerre en Irak et le sombre chapitre ouvert par le conflit russo-ukrainien. Ce grand entretien est aussi l’occasion de retracer le parcours d’une pensée mise à l’épreuve par les défis de son temps; le cheminement d’un intellectuel aussi influent que l’auteur de La fin de l’histoire.

 

L’année 2023 est celle du 20e anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak. Dans une interview pour la Fondation Carnegie pour la paix, vous reconnaissez des erreurs d'interprétation sur le sujet. Pourriez-vous retracer l'évolution de votre position sur cette guerre ?

 

Vingt ans après le début de cette guerre, notre foi absolue dans le modèle démocratique et sa capacité à prospérer dans le monde entier s'est affaiblie, si ce n’est effondrée. Plusieurs années avant la guerre, j'avais signé une lettre de la main de Bill Kristol, ancien chef de cabinet de l'administration de George H. W. Bush. Cette lettre soulignait la nécessité d’agir pour arrêter Saddam Hussein. La portée morale des arguments qu’elle soutenait était particulièrement forte me semblait-il : Saddam Hussein était pire que son prédécesseur à presque tous les égards. On a tendance à oublier l’intensité de la peur qui avait saisi les Américains dans les mois suivant les attentats du 11 septembre. L'attaque terroriste du World Trade Center avait tué 3 000 personnes, mais si Al-Qaïda l’avait voulu, cette attaque aurait pu faire 30 000 victimes. À l'époque, les Américains ne cessaient de penser à une prochaine attaque et avaient tendance à surestimer l’ampleur des menaces.

Au cours de cette période, je travaillais sur plusieurs projets autour de la mise en place de structures institutionnelles dans les pays en développement. Je portais une attention toute particulière à l'Amérique latine. Les États-Unis avaient tenté d’y structurer des États comme au Salvador, au Nicaragua ou dans d'autres pays voisins, ce qui s’était avéré un échec patent. Il me semblait alors que nous avions le devoir de nous engager dans une forme de conversion du Moyen-Orient à la démocratie. Or, il s’agissait d’une région que nous comprenions mal. Les hommes politiques américains ne cessaient de rappeler leurs succès en Allemagne et au Japon. Il est vrai que nous avons occupé ces deux pays pendant deux générations et qu'ils sont devenus des démocraties, mais l’on ne pouvait comparer l’incomparable et transposer invariablement ces succès dans d’autres régions du monde. Étions-nous prêt à la même chose en Irak ou en Afghanistan ? Pour moi, en Irak, la réponse était non, nous ne pouvions entamer un processus que nous étions incapables de mener à son terme.

Quand la guerre a commencé, je ne mesurais pas le niveau d’impréparation des États-Unis. Donald Rumsfeld, ancien Secrétaire à la défense de l'administration de George W. Bush, prévoyait un retrait d'Irak à la fin de l'année 2003, après avoir installé Ahmed Chalabi à la tête du pays. Pour lui, la démocratie s'imposerait ensuite d'elle-même. La composition de l'administration Bush à l’époque a eu une influence considérable sur la formation de ces opinions, de nombreux décideurs ayant été témoins de la chute du mur de Berlin. Dans son sillage, l’année 1989 avait entraîné une série de transitions vers la démocratie au sein des pays d'Europe de l'Est, abandonnant l'empire communiste pour rallier le bloc de l’Ouest. Sur le même modèle, de nombreux conseillers politiques pensaient pouvoir transposer cette expérience de démocratisation européenne au Moyen-Orient, en sous-estimant de façon flagrante l’importance des différences culturelles entre les deux régions. Les raisons à même de dissuader le Moyen-Orient de s'occidentaliser ou d’adopter des institutions occidentales étaient pourtant légion.

C’est cette méconnaissance des spécificités de la situation qui est à l'origine de ma rupture avec mes amis néo-conservateurs. J'étais également très troublé par l’assurance frisant l'arrogance de l'administration Bush. Cette croyance absolue qu’ils avaient de détenir la vérité sur ce qui était bon pour la région, leurs certitudes concernant la chute prochaine de la dictature d'Hussein comme la conviction de voir leur projet couronné de succès, toutes ces projections étaient terriblement erronées.

Du passé revenons maintenant au présent, où l’on retrouve des incompréhensions similaires entre les différentes régions du monde. En particulier, comment réagissez-vous à la position de neutralité qu'adoptent les pays du “Sud global” sur l’Ukraine, entre les États-Unis et la Russie ?

Tout d'abord, je voudrais lever un malentendu concernant la démocratie. Être un État dont la forme du gouvernement est démocratique ne signifie pas nécessairement que la démocratie y est promue et sanctuarisée comme idéologie suprême et absolue. Cela n’entraîne pas mécaniquement non plus la défense systématique, par les leaders politiques de ces États, des autres démocraties dans le monde.

Nous, Américains et Français, sommes biaisés sur cette question, car la Démocratie est l’essence même de notre identité nationale. Mais il faut bien avoir en tête que pour certains États, la démocratie n’est rien d’autre qu’une forme de gouvernement. En France, il s'agit d'une tradition républicaine issue de la Révolution. Aux États-Unis, la démocratie s’incarne dans la Constitution, vénérée comme un texte sacré par de nombreux Américains. Cela explique que la démocratie soit, pour nos deux pays, un principe directeur dans nos relations internationales. Si de nombreux pays d'Amérique du Sud, le Brésil ou l'Inde sont désormais des démocraties, la démocratie n'occupe pas la même place dans leur identité en tant qu’États, et ne joue pas le même rôle dans leurs rapports au reste du monde.

 

La politique étrangère joue également un rôle clé sur cette question. De nombreux pays, notamment en Amérique latine, ont souffert de l'hégémonie américaine, une hégémonie plutôt économique que militaire certes, mais dont l’héritage suscite un fort ressentiment. Alors que l'Union soviétique soutenait le Congrès national africain (ANC Sud-africain) pendant la guerre froide, l'administration Reagan a fourni des armes et un soutien à certaines forces anti-libération, en Angola notamment, mais aussi au Mozambique, deux pays du camp opposé à celui de Conseil national africian. Il faut aussi noter que les pays du Sud, très attachés à leur souveraineté, se considèrent comme des États-civilisation à part entière. Dans de nombreux cas de figure, d’autres intérêts viennent prendre le pas sur la promotion du modèle démocratique.

Troisième point enfin, la démocratie américaine, très perturbée ces dernières années, n'a plus l’attrait qu’elle pouvait avoir dans les années 1980. À l'époque, Ronald Reagan était sûr de lui, les États-Unis ne souffraient ni des grandes divisions que le pays connaît aujourd’hui, ni des crises permanentes liées à la violence armée, aux questions raciales ou identitaires. Pour de nombreux Américain, la croyance selon laquelle la page de l’histoire terrible du racisme était tournée, et qu’un ordre post-racial s’ouvrait, était très ancrée à l’époque.

Force est de constater que le cours des évènements a pris la tournure opposée, comme l’a démontré le backlash nationaliste et populiste de la présidence de Donald Trump. Et l’ancien président est toujours présent : Donald Trump se présente à nouveau à l’élection américaine de 2024, et il pourrait être réélu. En un mot, les États-Unis ne sont plus ce modèle de démocratie qu’ils ont été par le passé.

Nous ne vivons plus dans un monde bipolaire, même si la compétition sino-américaine est probablement appelée à dominer le monde. En tant qu'universitaire, vous avez réfléchi tout au long de votre vie sur le sens et l'avenir de la démocratie, quel regard portez-vous sur cette nouvelle configuration ?

Tout d’abord, le primat de la géopolitique sur l'idéologie n’est pas un phénomène nouveau, nous l’avons déjà vécu pendant la guerre froide. Poussés par l’impérieuse nécessité de contrer l'Union soviétique, les États-Unis ont montré à différentes occasions qu'ils pouvaient passer des accords avec des dirigeants peu fréquentables, anti-démocratiques et corrompus, de l'Arabie Saoudite à l’Iran, en passant par les Philippines. Nous vivons dans un monde régi par le pouvoir et la géopolitique : il n'existe aucun pays qui fasse de la démocratie, au sens idéologique du terme, un principe directeur, unique et dominant de sa politique étrangère.

En réalité, nous avons vécu une sorte de parenthèse après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique, pendant laquelle la puissance des États-Unis était telle que les considérations géopolitiques étaient, de facto, moins prégnantes. À cette époque, le budget de défense américain équivalait, dans le monde, à la somme de tous les budgets de défense réunis. Cette extraordinaire hégémonie n’était pas seulement militaire, mais également économique, politique et culturelle. Mais cette parenthèse était tout à fait exceptionnelle, historiquement, la répartition des pouvoirs dans le monde est beaucoup plus équilibrée. Nous venons de revenir à une configuration "classique", avec un monde plus multipolaire, organisé autour de multiples clivages idéologiques.

En outre, pour l’opinion publique, l’appréciation d’un système politique, le fait de savoir s’il est "bon" ou "mauvais", ne se construit plus seulement sur des considérations morales. De ce point de vue, le pouvoir, seul, fait foi : le système politique le plus puissant tend à bénéficier d’un soutien accru.

Ce fut le cas pour les États-Unis entre 1989 et 2008 environ, comme pour la Chine depuis. C’est la raison pour laquelle de nombreux pays s’emploient à imiter Pékin, et les États-Unis perdent ainsi de nombreux "clients politiques".

Depuis Donald Trump et la marche sur le Capitole du 6 janvier 2021, les États-Unis n'incarnent plus le rêve de la démocratie mais plutôt son cauchemar. À quel point l'avenir de l'Amérique vous préoccupe-t-il ?

J’espère évidemment que l’influence de Donald Trump décline, mais c’est loin d’être le cas aujourd’hui : au lieu de s’effacer, l'ex-président parvient de nouveau à attirer l’attention des médias ces derniers mois. Il prend ainsi de l'avance sur son rival au sein du camp Républicain, le gouverneur de Floride Ron DeSantis.

On note cependant que le noyau dur des partisans de Trump ne rallie pas plus d'un tiers de l’ensemble de l'électorat. Le tiers le plus à gauche de l’échiquier politique ne le soutiendrait jamais et le tiers médian, quant à lui, semble se lasser. Bien que cette portion adhère aux positions républicaines et conservatrices sur des questions majeures comme l'immigration, cette part de l'électorat n’est pas composée de soutiens de Trump de la première heure. À ce stade, me semble-t-il, la probabilité de son retour est encore assez faible.

Face aux Républicains, les démocrates doivent proposer une alternative solide. Joe Biden est déjà très âgé et la vice-présidente, Kamala Harris, peu populaire. Un scénario qui verrait la santé de l’actuel président décliner, permettant ainsi à Trump ou un autre Républicain d’accéder au pouvoir, n’est pas non plus à écarter.

Les Européens doivent demeurer sur le qui-vive. La situation reste particulièrement périlleuse. Les élections de novembre ont néanmoins apporté leur lot de réconfort. Avec les élections de 2024 en ligne de mire, les Républicains avaient fait la promotion de candidats ayant contesté la légitimité de celle de Joe Biden. Finalement, nombreux sont les démocrates qui l’ont emporté dans la quasi-totalité des swing states. Oui, les électeurs se sont lassés de ce discours. 

En matière de diplomatie française, Emmanuel Macron à tout l’air de prôner l'équidistance entre la Chine et les États-Unis au détriment de ses relations avec le reste du monde occidental. Trois éléments semblent jouer un rôle dans cette prise de position : la persistance d'une tradition gaulliste dévoyée, des vues profondément divergentes sur la manière de définir les relations avec la Chine, et la conviction qu'il y aurait trop d'incertitudes pour compter sur les États-Unis. Il y a là un étrange souhait qui ne dit pas son nom : voir l'Amérique en difficulté. Quel regard portez-vous sur l'avenir politique de la France ?

Que l’Europe ait davantage d’autonomie vis-à-vis des États-Unis me semble une ambition louable. En réalité, les États-Unis eux-mêmes poussent l'Europe à assumer davantage de responsabilités dans la garantie de sa propre sécurité et de sa défense, en augmentant significativement ses dépenses en la matière.

En l’état, il serait cependant illusoire d’aspirer purement et simplement ne "plus dépendre" des États-Unis, la guerre en Ukraine en donne l’illustration la plus éloquente. Les États-Unis demeurent un allié incontournable pour les Européens en période de guerre de haute intensité, avec des besoins capacitaires et de financements très importants. La France et l'Allemagne ne pourraient soutenir les Ukrainiens comme Washington l’a fait. Si l'idée d'une autonomie stratégique européenne est séduisante, la route pour y parvenir est encore longue.

Selon moi, le recours à la tradition gaulliste, comme les illusions entretenues à l’égard de la Chine reposent sur des postulats erronés. La détérioration des relations sino-américaines est, à mon sens, la responsabilité de la Chine à plus de 90 %. Chacune des vagues marquantes de dégradation de ces relations ont été initiées par Pékin : des politiques d’exclusion à l’égard d'entreprises occidentales à la menace sur Taiwan, en passant par les manœuvres de Pékin en mer de Chine méridionale.

Il est vain d’envisager maintenir une équidistance entre une Chine totalitaire et une Amérique démocratique, d’autant plus que celle-ci, sous l’impulsion de plusieurs présidents, a réellement tenté de maintenir un engagement avec Pékin.

Lorsque l'on considère l'évolution de la politique française, on est frappé par la colère, sinon la haine que suscite Emmanuel Macron dans l'opinion publique. Ce phénomène est représentatif d'une tendance plus globale liée aux évolutions de la démocratie à l'ère numérique, oscillant entre culte de la personnalité et profonde défiance à l’égard des figures de pouvoir. Depuis la Californie, comment percevez-vous la situation qui prévaut en France ?

Tout d’abord, il existe une double fracture entre, d’un côté, des zones urbaines exposées à l’économie globalisée, avec une population évoluant dans un environnement pluraliste, et, de l’autre, les populations en marge grandes villes, n'accédant qu’à un faible niveau d’éducation. Ce constat s’applique à la France comme aux États-Unis.

Le soutien aux Gilets Jaunes est étroitement lié à la densité de population. Ce soutien augmente à mesure que la distance entre la personne et une grande ville s'accroît. Cette tendance reflète les disparités économiques créées par la mondialisation, où les personnes instruites gagnent des salaires beaucoup plus élevés parce que le rendement de l'éducation est plus important. De ce point de vue là, la France n’est pas un cas isolé, et d’autres pays ont connu des mouvements populistes comparables. La grande différence que j’identifie concerne le poids de la gauche en France, qui est beaucoup plus important et populaire qu'aux États-Unis. Bernie Sanders est certes allé au-delà de ce que beaucoup espéraient lorsqu’il a tenté d'accéder au pouvoir en 2016, mais l’extrême gauche comme la gauche populiste demeurent relativement faibles aux États-Unis. En France, les manifestations contre la réforme des retraites sont majoritairement portées par les syndicats, qui demeurent une base solide pour les partis de gauche. En ce sens, le pays conserve encore ses traditions politiques les plus anciennes.

Comment les démocraties peuvent-elles lutter contre le populisme aujourd’hui ? Quelles pistes vous viennent à l'esprit à ce sujet ?

On débat pour savoir qui de l’économie ou de la culture serait la force motrice du populisme. Selon moi, ces deux déterminants interagissent ensemble. Sur le plan culturel, on note un fort ressentiment lié à la réussite des élites, qui ont protégé leurs positions et, bien souvent, adoptent des attitudes méprisantes à l’égard des plus précaires.

Mais ne cédons pas au piège qui consiste à associer les populistes de droite à des racistes xénophobes, incapables de comprendre le monde dans ses nuances et sa complexité. Ce discours méprisant ne fait que nourrir davantage le ressentiment ambiant.

Les politiques économiques, quant à elles, font l’objet d’ajustements afin de s'attaquer aux nombreuses inégalités engendrées par la mondialisation portées par les États-Unis durant les décennies 1990 - 2000 notamment. Il est difficile de dire si ces ajustements seront suffisants, d'autant plus que la technologie joue aussi un rôle prépondérant dans le développement de ce ressentiment. Le fonctionnement des réseaux sociaux affecte très sérieusement les bases de la délibération démocratique. Les faits alternatifs amènent à contester la crédibilité de réalités tangibles. Déterminer la marche à suivre pour dépasser complètement ces divisions est un véritable défi.

Deux théories s'affrontent à propos des démocraties et de leur avenir. La première présage leur déclin, dans le sillage des États-Unis, avec un grand vainqueur au sortir de la guerre en Ukraine : Pékin. L'Amérique n'en sortirait ni plus puissante, ni la Russie plus faible. La seconde théorie postule que les régimes autoritaires ne seraient en réalité pas aussi doués pour la guerre - on l’a vu en Russie avec Poutine - et que seuls les pays démocratiques, comme l'Ukraine, se montreraient véritablement résistants et combatifs. De quel côté vous situez-vous ?

Je suis plus optimiste pour l'avenir. Les pays autoritaires peuvent commettre de graves erreurs, le cas de Poutine en Ukraine le prouve, tout comme celui de Xi Jinping et sa politique du "zéro covid", particulièrement décriée. Mais, ce qui compte le plus, c'est l'impressionnante solidarité dont ont fait preuve les pays de l'OTAN et de l'Occident, y compris le Japon.

Il n’est donc pas certain que Pékin sorte vainqueur de cette séquence. Notons également que la menace que la Chine fait peser sur Taïwan est bien antérieure à l'invasion russe en Ukraine. Seulement, la possibilité qu'une grande puissance ait recours à la force de façon aussi directe est désormais considérée avec le plus grand sérieux. Les Occidentaux s'y préparent : l'OTAN s’élargit, avec l’adhésion de la Finlande et, espérons-le, de la Suède. L’unité de ce front, l’intensité de cette solidarité et cette détermination à résister face à toute manœuvre agressive sur le plan géopolitique, sont sans commune mesure en comparaison de la situation que l’on connaissait il y a un an et demi. Certes, ce ne sera probablement pas suffisant pour relever l’ensemble des défis auxquels nous sommes confrontés. Néanmoins, c’est déjà un premier pas crucial afin de nous prévenir des scénarios les plus sombres.

Copyright Image : Stefani Reynolds / AFP

Une silhouette est visible derrière un drapeau américain et ukrainien alors que des personnes se rassemblent pour la Journée de solidarité avec l'Ukraine au Lincoln Memorial à Washington, DC, le 20 février 2022.

 

 

 





segunda-feira, 4 de abril de 2022

Francis Fukuyama em defesa de um nacionalismo liberal (Foreign Affairs)

  De fato, não deveria haver contradição ou oposição entre uma sociedade perfeitamente liberal e o sentimento nacionalista, uma vez que as sociedades atuais estão organicamente e institucionalmente organizadas emEstados nacionais distintos e separados (à exceção da aventura comunitária da UE), em número de aproximadamente 200 nações atualmente (contra pouco mais de 50 no nascimento da ONU, em 1945). Mas, líderes populistas costumam estimular, e excitar, os sentimentos nacionalistas exclusivos do seu próprio povo (que por vezes não é homogêneo ou dotado da mesma língua e religião), para fins de ganhos eleitorais, explorando reações de rejeição em sociedades estressadas por problemas econômicos (recessão, desemprego, inflação, pressões fiscais, previdência, etc.) ou levas imigratórias vindas de regiões miseráveis ou em guerra.

A deterioração da democracia liberal e o crescimento dos regimes iliberais no mundo são fenômenos deveras preocupantesmeste início de um século que enfrenta a possibilidade de novas fricções imperiais, o outro grande desafio à tolerância democrático no mundo e no plano doméstico dos Estados nacionais. A democracia está sob pressão em diversas partes do mundo, inclusive no Brasil. A boa informação e a educação são as respostas adequadas, mas tem muita gente interessada no autoritarismo.

Paulo Roberto de Almeida 

Foreign Affairs, Nova York - Maio-Junho 2022

A Country of Their Own

Liberalism Needs the Nation

Francis Fukuyama

 

Liberalism is in peril. The fundamentals of liberal societies are tolerance of difference, respect for individual rights, and the rule of law, and all are under threat as the world suffers what can be called a democratic recession or even a depression. According to Freedom House, political rights and civil liberties around the world have fallen each year for the last 16 years. Liberalism’s decline is evident in the growing strength of autocracies such as China and Russia, the erosion of liberal—or nominally liberal—institutions in countries such as Hungary and Turkey, and the backsliding of liberal democracies such as India and the United States.

In each of these cases, nationalism has powered the rise of illiberalism. Illiberal leaders, their parties, and their allies have harnessed nationalist rhetoric in seeking greater control of their societies. They denounce their opponents as out-of-touch elites, effete cosmopolitans, and globalists.They claim to be the authentic representatives of their country and its true guardians. Sometimes, illiberal politicians merely caricature their liberal counterparts as ineffectual and removed from the lives of the people they presume to represent. Often, however, they describe their liberal rivals not simply as political adversaries but as something more sinister: enemies of the people.

The very nature of liberalism makes it susceptible to this line of attack. The most fundamental principle enshrined in liberalism is one of tolerance: the state does not prescribe beliefs, identities, or any other kind of dogma. Ever since its tentative emergence in the seventeenth century as an organizing principle for politics, liberalism deliberately lowered the sights of politics to aim not at “the good life” as defined by a particular religion, moral doctrine, or cultural tradition but at the preservation of life itself under conditions in which populations cannot agree on what the good life is. This agnostic nature creates a spiritual vacuum, as individuals go their own ways and experience only a thin sense of community. Liberal political orders do require shared values, such as tolerance, compromise, and deliberation, but these do not foster the strong emotional bonds found in tightly knit religious and ethnonationalist communities. Indeed, liberal societies have often encouraged the aimless pursuit of material self-gratification.

Liberalism’s most important selling point remains the pragmatic one that has existed for centuries: its ability to manage diversity in pluralistic societies. Yet there is a limit to the kinds of diversity that liberal societies can handle. If enough people reject liberal principles themselves and seek to restrict the fundamental rights of others, or if citizens resort to violence to get their way, then liberalism alone cannot maintain political order. And if diverse societies move away from liberal principles and try to base their national identities on race, ethnicity, religion, or some other, different substantive vision of the good life, they invite a return to potentially bloody conflict. A world full of such countries will invariably be more fractious, more tumultuous, and more violent.

That is why it is all the more important for liberals not to give up on the idea of the nation. They should recognize that in truth, nothing makes the universalism of liberalism incompatible with a world of nation-states. National identity is malleable, and it can be shaped to reflect liberal aspirations and to instill a sense of community and purpose among a broad public.

For proof of the abiding importance of national identity, look no further than the trouble Russia has run into in attacking Ukraine. Russian President Vladimir Putin claimed that Ukraine did not have an identity separate from that of Russia and that the country would collapse immediately once his invasion began. Instead, Ukraine has resisted Russia tenaciously precisely because its citizens are loyal to the idea of an independent, liberal democratic Ukraine and do not want to live in a corrupt dictatorship imposed from without. With their bravery, they have made clear that citizens are willing to die for liberal ideals, but only when those ideals are embedded in a country they can call their own.

 

LIBERALISM’S SPIRITUAL VACUUM

 

Liberal societies struggle to present a positive vision of national identity to their citizens. The theory behind liberalism has great difficulties drawing clear boundaries around communities and explaining what is owed to people inside and outside those boundaries. This is because the theory is built on top of a claim of universalism. As asserted in the Universal Declaration of Human Rights, “All human beings are born free and equal in dignity and rights”; further, “Everyone is entitled to all the rights and freedoms set forth in this Declaration, without distinction of any kind, such as race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, national or social origin, property, birth or other status.” Liberals are theoretically concerned with violations of human rights no matter where in the world they occur. Many liberals dislike the particularistic attachments of nationalists and imagine themselves to be “citizens of the world.”

The claim of universalism can be hard to reconcile with the division of the world into nation-states. There is no clear liberal theory, for instance, on how to draw national boundaries, a deficit that has led to intraliberal conflicts over the separatism of regions such as Catalonia, Quebec, and Scotland and disagreements over the proper treatment of immigrants and refugees. Populists, such as former U.S. President Donald Trump, have channeled that tension between the universalist aspirations of liberalism and the narrower claims of nationalism to powerful effect.

Nationalists complain that liberalism has dissolved the bonds of national community and replaced them with a global cosmopolitanism that cares about people in distant countries as much as it cares for fellow citizens. Nineteenth-century nationalists based national identity on biology and believed that national communities were rooted in common ancestry. This continues to be a theme for certain contemporary nationalists, such as Hungarian Prime Minister Viktor Orban, who has defined Hungarian national identity as being based on Magyar ethnicity. Other nationalists, such as the Israeli scholar Yoram Hazony, have sought to revise twentieth-century ethnonationalism by arguing that nations constitute coherent cultural units that allow their members to share thick traditions of food, holidays, language, and the like. The American conservative thinker Patrick Deneen has asserted that liberalism constitutes a form of anticulture that has dissolved all forms of preliberal culture, using the power of the 

Significantly, Deneen and other conservatives have broken with economic neoliberals and have been vocal in blaming market capitalism for eroding the values of family, community, and tradition. As a result, the twentieth-century categories that defined the political left and right in terms of economic ideology do not fit the present reality neatly, with right-wing groups being willing to countenance the use of state power to regulate both social life and the economy.

There is considerable overlap between nationalists and religious conservatives. Among the traditions that contemporary nationalists want to preserve are religious ones; thus, the Law and Justice party in Poland has been closely aligned with the Polish Catholic Church and has taken on many of the latter’s cultural complaints about liberal Europe’s support for abortion and same-sex marriage. Similarly, religious conservatives often regard themselves as patriots; this is certainly true for the American evangelicals who formed the core of Trump’s “Make America Great Again” movement.

The substantive conservative critique of liberalism—that liberal societies provide no strong common moral core around which community can be built—is true enough. This is indeed a feature of liberalism, not a bug. The question for conservatives is whether there is a realistic way to turn back the clock and reimpose a thicker moral order. Some U.S. conservatives hope to return to an imagined time when virtually everyone in the United States was Christian. But modern societies are far more diverse religiously today than at the time of Europe’s religious wars in the sixteenth century. The idea of restoring a shared moral tradition defined by religious belief is a nonstarter. Leaders who hope to effect this kind of restoration, such as Narendra Modi, India’s Hindu nationalist prime minister, are inviting oppression and communal violence. Modi knows this all too well: he was chief minister of the western state of Gujarat when it was racked by communal riots in 2002 that left thousands dead, mostly Muslims. Since 2014, when Modi became prime minister, he and his allies have sought to tie Indian national identity to the masts of Hinduism and the Hindi language, a sea change from the secular pluralism of India’s liberal founders.

 

THE INESCAPABLE STATE

 

Illiberal forces around the world will continue to use appeals to nationalism as a powerful electoral weapon. Liberals may be tempted to dismiss this rhetoric as jingoistic and crude. But they should not cede the nation to their opponents.

 All societies need to make use of force, both to preserve internal order and to protect themselves from external enemies. A liberal society does this by creating a powerful state but then constraining the state’s power under the rule of law. The state’s power is based on a social contract among autonomous individuals who agree to give up some of their rights to do as they please in return for the state’s protection. It is legitimized by both the common acceptance of the law and, if it is a liberal democracy, popular elections.

Liberal rights are meaningless if they cannot be enforced by a state, which, according to the German sociologist Max Weber’s famous definition, is a legitimate monopoly of force over a defined territory. The territorial jurisdiction of a state necessarily corresponds to the area occupied by the group of individuals who signed on to the social contract. People living outside that jurisdiction must have their rights respected, but not necessarily enforced, by that state.

States with a delimited territorial jurisdiction therefore remain critical political actors, because they are the only ones able to exercise a legitimate use of force. In today’s globalized world, power is employed by a wide variety of bodies, from multinational corporations to nonprofit groups to terrorist organizations to supranational bodies such as the European Union and the United Nations. The need for international cooperation in addressing issues such as global warming and pandemics has never been more evident. But it remains the case that one particular form of power, the ability to enforce rules through the threat or the actual use of force, remains under the control of nation-states. Neither the European Union nor the International Air Transport Association deploys its own police or army to enforce the rules it sets. Such organizations still depend on the coercive capacity of the countries that empowered them. To be sure, there is today a large body of international law that in many domains displaces national-level law; think, for example, of the European Union’s acquis communautaire, which serves as a kind of common law to regulate commerce and settle disputes. But in the end, international law continues to rely on national-level enforcement. When EU member states disagree on important matters of policy, as they did during the euro crisis of 2010 and the migrant crisis of 2015, the outcome is decided not by European law but by the relative power of the member states. Ultimate power, in other words, continues to be the province of nation-states, which means that the control of power at this level remains critical.

There is thus no necessary contradiction between liberal universalism and the need for nation-states. Although the normative value of human rights may be universal, enforcement power is not; it is a scarce resource that is necessarily applied in a territorially delimited way. A liberal state is perfectly justified in granting different levels of rights to citizens and noncitizens, because it does not have the resources or the writ to protect rights universally. All people within the state’s territory are due the equal protection of the law, but only citizens are full participants in the social contract, with special rights and duties, in particular the right to vote.

The fact that states remain the locus of coercive power should inspire caution about proposals to create new supranational bodies and to delegate such power to them. Liberal societies have had several hundred years of experience learning how to constrain power at a national level through rule-of-law and legislative institutions and how to balance power so that its use reflects general interests. They have no idea how to create such institutions at a global level, where, for example, a global court or legislature would be able to constrain the arbitrary decisions of a global executive. The European Union is the product of the most serious effort to do this at a regional level; the result is an awkward system characterized by excessive weakness in some domains (fiscal policy, foreign affairs) and excessive power in others (economic regulation). Europe at least has a certain common history and cultural identity that do not exist at the global level. International institutions such as the International Court of Justice and the International Criminal Court continue to rely on states to enforce their writs.

The German philosopher Immanuel Kant imagined a condition of “perpetual peace” in which a world populated by liberal states would regulate international relations through law rather than by resorting to violence. Putin’s invasion of Ukraine has demonstrated, unfortunately, that the world has not yet reached this post-historical moment and that raw military power remains the ultimate guarantor of peace for liberal countries. The nation-state is therefore unlikely to disappear as the crucial actor in global politics.

 

THE GOOD LIFE

 

The conservative critique of liberalism contains, at its core, a reasonable skepticism of the liberal emphasis on individual autonomy. Liberal societies assume an equality of human dignity, a dignity that is rooted in an individual’s ability to make choices. For that reason, they are dedicated to protecting that autonomy as a matter of basic rights. But although autonomy is a fundamental liberal value, it is not the sole human good that automatically trumps all other visions of the good life.

The realm of what is accepted as autonomy has steadily expanded over time, broadening from the choice to obey rules within an existing moral framework to making up those rules for oneself. But respect for autonomy was meant to manage and moderate the competition of deeply held beliefs, not to displace those beliefs in their entirety. Not every human being thinks that maximizing his or her personal autonomy is the most important goal of life or that disrupting every existing form of authority is necessarily a good thing. Many people are happy to limit their freedom of choice by accepting religious and moral frameworks that connect them with other people or by living within inherited cultural traditions. The U.S. Constitution’s First Amendment was meant to protect the free exercise of religion, not to protect citizens from religion.

Successful liberal societies have their own culture and their own understanding of the good life, even if that vision may be thinner than those offered by societies bound by a single doctrine. They cannot be neutral with regard to the values that are necessary to sustain themselves as liberal societies. They need to prioritize public-spiritedness, tolerance, open-mindedness, and active engagement in public affairs if they are to cohere. They need to prize innovation, entrepreneurship, and risk-taking if they are to prosper economically. A society of inward-looking individuals interested only in maximizing their personal consumption will not be a society at all.

States are important not just because they are the locus of legitimate power and the instruments for controlling violence. They are also a singular source of community. Liberal universalism on one level flies in the face of the nature of human sociability. People feel the strongest bonds of affection for those closest to them, such as friends and family; as the circle of acquaintance widens, their sense of obligation inevitably attenuates. As human societies have grown larger and more complex over the centuries, the boundaries of solidarity have expanded dramatically from families and villages and tribes to entire countries. But few people love humanity as a whole. For most people around the world, the country remains the largest unit of solidarity to which they feel an instinctive loyalty. Indeed, that loyalty becomes a critical underpinning of the state’s legitimacy and thus its ability to govern. In certain societies, a weak national identity can have disastrous consequences, as is evident in some struggling developing countries, such as Myanmar and Nigeria, and in some failed states, such as Afghanistan, Libya, and Syria.

 

THE CASE FOR LIBERAL NATIONALISM

 

This argument may seem similar to ones made by Hazony, the conservative Israeli scholar, in his 2018 book, The Virtue of Nationalism, in which he advocates a global order based on the sovereignty of nation-states. He makes an important point in warning against the tendency of liberal countries, such as the United States, to go too far in seeking to remake the rest of the world in their own image. But he is wrong in assuming that the existing countries are clearly demarcated cultural units and that a peaceful global order can be built by accepting them as they are. Today’s countries are social constructions that are the byproducts of historical struggles that often involved conquest, violence, forced assimilation, and the deliberate manipulation of cultural symbols. There are better and worse forms of national identity, and societies can exercise agency in choosing among them.

In particular, if national identity is based on fixed characteristics such as race, ethnicity, or religious heritage, then it becomes a potentially exclusionary category that violates the liberal principle of equal dignity. Although there is no necessary contradiction between the need for national identity and liberal universalism, there is nonetheless a powerful potential point of tension between the two principles. When based on fixed characteristics, national identity can turn into aggressive and exclusive nationalism, as it did in Europe during the first part of the twentieth century.

For this reason, liberal societies should not formally recognize groups based on fixed identities such as race, ethnicity, or religious heritage. There are times, of course, when this becomes inevitable, and liberal principles fail to apply. In many parts of the world, ethnic or religious groups have occupied the same territory for generations and have their own thick cultural and linguistic traditions. In the Balkans, the Middle East, South Asia, and Southeast Asia, ethnic or religious identity is de facto an essential characteristic for most people, and assimilating them into a broader national culture is highly unrealistic. It is possible to organize a form of liberal politics around several cultural units; India, for example, recognizes multiple national languages and has in the past permitted its states to set their own policies with regard to education and legal systems. Federalism and the concomitant devolution of powers to subnational units are often necessary in such diverse countries. Power can be formally allocated to different groups defined by their cultural identity in a structure that political scientists call “consociationalism.” Although this has worked reasonably well in the Netherlands, the practice has been disastrous in places such as Bosnia, Iraq, and Lebanon, where identity groups see themselves locked in a zero-sum struggle. In societies in which cultural groups have not yet hardened into self-regarding units, it is therefore much better to deal with citizens as individuals rather than as members of identity groups.

On the other hand, there are other aspects of national identity that can be adopted voluntarily and therefore shared more broadly, such as literary traditions, historical narratives, and language, food, and sports. Catalonia, Quebec, and Scotland are all regions with distinct historical and cultural traditions, and they all include nationalist partisans seeking complete separation from the country to which they are linked. There is little doubt that these regions would continue to be liberal societies respecting individual rights were they to separate, just as the Czech Republic and Slovakia did after they became separate countries in 1993.

National identity represents obvious dangers but also an opportunity. It is a social construct, and it can be shaped to support, rather than undermine, liberal values. Many countries have historically been molded out of diverse populations that feel a strong sense of community based on political principles or ideals rather than deterministic group categories. Australia, Canada, France, India, and the United States are all countries that in recent decades have sought to construct national identities based on political principles rather than race, ethnicity, or religion. The United States has gone through a long and painful process of redefining what it means to be an American, progressively removing barriers to citizenship based on class, race, and gender—although this process is still incomplete and has experienced many setbacks. In France, the construction of a national identity began with the French Revolution’s Declaration of the Rights of Man and of the Citizen, which established an ideal of citizenship based on a common language and culture. In the mid-twentieth century, Australia and Canada were countries with dominant white-majority populations and restrictive laws regarding immigration and citizenship, such as the notorious “White Australia” policy, which kept out immigrants from Asia. Both, however, reconstructed their national identities on nonracial lines after the 1960s and opened themselves up to massive immigration. Today, both countries have larger foreign-born populations than does the United States, with little of the United States’ polarization and white backlash.

Nonetheless, the difficulty of forging a common identity in sharply divided democracies should not be underestimated. Most contemporary liberal societies were built on top of historical nations whose understandings of national identity had been forged through illiberal methods. France, Germany, Japan, and South Korea were all nations before they became liberal democracies; the United States, as many have noted, was a state before it became a nation. The process of defining the American nation in liberal political terms has been long, arduous, and periodically violent, and even today that process is being challenged by people on both the left and the right with sharply competing narratives about the country’s origins.

Liberalism would be in trouble if people saw it as nothing more than a mechanism for peacefully managing diversity, without a broader sense of national purpose. People who have experienced violence, war, and dictatorship generally long to live in a liberal society, as Europeans did in the period after 1945. But as people get used to a peaceful life under a liberal regime, they tend to take that peace and order for granted and start longing for a politics that will direct them to higher ends. In 1914, Europe had been largely free of devastating conflict for nearly a century, and masses of people were happy to march off to war despite the enormous material progress that had occurred in the interim.

The world has perhaps arrived at a similar point in human history: it has been free from large-scale interstate war for three-quarters of a century and has, in the meantime, seen a massive increase in global prosperity that has produced equally massive social change. The European Union was created as an antidote to the nationalism that had led to the world wars and in that respect has been successful beyond all hopes. But Russia’s invasion of Ukraine augurs more disarray and violence ahead.

At this juncture, two very different futures present themselves. If Putin is successful in undermining Ukrainian independence and democracy, the world will return to an era of aggressive and intolerant nationalism reminiscent of the early twentieth century. The United States will not be immune from this trend, as populists such as Trump aspire to replicate Putin’s authoritarian ways. On the other hand, if Putin leads Russia into a debacle of military and economic failure, the chance remains to relearn the liberal lesson that power unconstrained by law leads to national disaster and to revive the ideals of a free and democratic world

 

FRANCIS FUKUYAMA is Olivier Nomellini Senior Fellow at the Freeman Spogli Institute for International Studies at Stanford University and the author of the forthcoming book Liberalism and Its Discontents (Farrar, Straus and Giroux, 2022), from which this essay is adapted.

sábado, 28 de agosto de 2021

O fim da hegemonia americana - Francis Fukuyama

O fim da hegemonia americana

O Afeganistão não marca o fim da era americana; o desafio para sua posição global é a polarização política em casa, diz um especialista em política externa.

 Francis Fukuyama


As imagens horripilantes de afegãos desesperados tentando sair de Cabul nesta semana, após o colapso do governo apoiado pelos Estados Unidos, evocaram uma importante conjuntura na história mundial, quando a América se afastou do mundo.  A verdade é que o fim da era americana havia chegado muito antes.  As fontes de longo prazo da fraqueza e declínio americanos são mais domésticas do que internacionais.  O país continuará sendo uma grande potência por muitos anos, mas o quão influente ele será depende de sua capacidade de resolver seus problemas internos, ao invés de sua política externa.

 O período de pico da hegemonia americana durou menos de 20 anos, desde a queda do Muro de Berlim em 1989 até em torno da crise financeira em 2007-09.  O país era dominante em muitos domínios de poder na época - militar, econômico, político e cultural.  O auge da arrogância americana foi a invasão do Iraque em 2003, quando esperava poder refazer não apenas o Afeganistão (invadido dois anos antes) e o Iraque, mas todo o Oriente Médio.

 O país superestimou a eficácia do poder militar para provocar mudanças políticas fundamentais, ao mesmo tempo que subestimou o impacto de seu modelo econômico de mercado livre nas finanças globais.  A década terminou com suas tropas atoladas em duas guerras de contra-insurgência e uma crise financeira internacional que acentuou as enormes desigualdades que a globalização liderada pelos Estados Unidos trouxe.

 O grau de unipolaridade neste período tem sido relativamente raro na história, e o mundo tem voltado a um estado mais normal de multipolaridade desde então, com China, Rússia, Índia, Europa e outros centros ganhando poder em relação à América.  O efeito final do Afeganistão na geopolítica provavelmente será pequeno.  A América sobreviveu a uma derrota anterior e humilhante quando se retirou do Vietnã em 1975, mas rapidamente recuperou seu domínio em pouco mais de uma década e hoje trabalha com o Vietnã para conter o expansionismo chinês.  A América ainda tem muitas vantagens econômicas e culturais que poucos outros países podem igualar.

 O desafio muito maior para a posição global da América é doméstico: a sociedade americana é profundamente polarizada e tem dificuldade em encontrar consenso sobre praticamente qualquer coisa.  Essa polarização começou com questões convencionais de política, como impostos e aborto, mas desde então se transformou em uma luta amarga pela identidade cultural.  A demanda por reconhecimento por parte de grupos que se sentem marginalizados pelas elites foi algo que identifiquei há 30 anos como o calcanhar de Aquiles da democracia moderna.  Normalmente, uma grande ameaça externa, como uma pandemia global, deve ser a ocasião para os cidadãos se reunirem em torno de uma resposta comum;  a crise do covid-19 serviu mais para aprofundar as divisões da América, com o distanciamento social, o uso de máscaras e agora as vacinas sendo vistas não como medidas de saúde pública, mas como marcadores políticos.

 Esses conflitos se espalharam por todos os aspectos da vida, dos esportes às marcas de produtos de consumo que os americanos vermelhos e azuis compram.  A identidade cívica que se orgulhava da América como uma democracia multirracial na era pós-direitos civis foi substituída por narrativas de guerra entre 1619 e 1776 - isto é, se o país é fundado na escravidão ou na luta pela liberdade.  Esse conflito se estende às realidades separadas que cada lado acredita ver, realidades nas quais a eleição em novembro de 2020 foi uma das mais justas da história americana ou então uma fraude maciça que levou a uma presidência ilegítima.


 Ao longo da guerra fria e no início dos anos 2000, havia um forte consenso da elite na América a favor da manutenção de uma posição de liderança na política mundial.  As guerras opressivas e aparentemente intermináveis ​​no Afeganistão e no Iraque irritaram muitos americanos não apenas em lugares difíceis como o Oriente Médio, mas também no envolvimento internacional em geral.

 A polarização afetou a política externa diretamente.  Durante os anos de Obama, os republicanos assumiram uma postura agressiva e castigaram os democratas pela “reinicialização” russa e pela alegada ingenuidade em relação ao presidente Putin.  O ex-presidente Trump virou a mesa ao abraçar abertamente Putin, e hoje cerca de metade dos republicanos acredita que os democratas constituem uma ameaça maior ao modo de vida americano do que a Rússia.  Um âncora conservador de notícias de televisão, Tucker Carlson, viajou a Budapeste para celebrar o autoritário primeiro-ministro da Hungria, Viktor Orban;  “Possuir a liberdade” (isto é, antagonizar a esquerda, uma frase de efeito da direita) era mais importante do que defender os valores democráticos.

 Há um consenso mais aparente em relação à China: tanto os republicanos quanto os democratas concordam que ela é uma ameaça aos valores democráticos.  Mas isso só leva a América até certo ponto.  Um teste muito maior para a política externa americana do que o Afeganistão será Taiwan, se estiver sob ataque chinês direto.  Estarão os Estados Unidos dispostos a sacrificar seus filhos e filhas em nome da independência dessa ilha?  Ou, de fato, os Estados Unidos arriscariam um conflito militar com a Rússia caso esta invadisse a Ucrânia?  Essas são questões sérias sem respostas fáceis, mas um debate fundamentado sobre o interesse nacional americano provavelmente será conduzido principalmente pela lente de como isso afeta a luta partidária.

 A polarização já prejudicou a influência global da América, bem longe de testes futuros como esses.  Essa influência dependia do que Joseph Nye, um estudioso de política externa, rotulou de “soft power”, ou seja, da atratividade das instituições e da sociedade americanas para as pessoas ao redor do mundo.  Esse apelo diminuiu muito: é difícil para alguém dizer que as instituições democráticas americanas têm funcionado bem nos últimos anos ou que qualquer país deveria imitar o tribalismo político e a disfunção dos Estados Unidos.  A marca registrada de uma democracia madura é a capacidade de realizar transferências pacíficas de poder após as eleições, um teste em que o país falhou espetacularmente em 6 de janeiro.

 O maior desastre político do governo do presidente Joe Biden em seus sete meses de mandato foi o fracasso em planejar adequadamente o rápido colapso do Afeganistão.  Por mais impróprio que tenha sido, isso não mostra a sensatez da decisão subjacente de se retirar do Afeganistão, que pode, no final, ser a acertada.  Biden sugeriu que a retirada era necessária para nos concentrarmos em enfrentar os desafios maiores da Rússia e da China no futuro.  Espero que ele esteja falando sério sobre isso.  Barack Obama nunca teve sucesso em fazer um “pivô” para a Ásia porque os Estados Unidos permaneceram focados na contra-insurgência no Oriente Médio.  O atual governo precisa redistribuir recursos e a atenção dos formuladores de políticas de outros lugares para dissuadir rivais geopolíticos e se envolver com aliados.

 É improvável que os Estados Unidos recuperem seu status hegemônico anterior, nem deveriam aspirar a isso.  O que ela pode esperar é sustentar, com países com ideias semelhantes, uma ordem mundial favorável aos valores democráticos.  Se conseguirá fazer isso, não dependerá de ações de curto prazo em Cabul, mas da recuperação de um senso de identidade nacional e propósito em casa.

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 Francis Fukuyama é pesquisador sênior do Instituto Freeman Spogli de Estudos Internacionais de Stanford e diretor Mosbacher do Centro de Democracia, Desenvolvimento e Estado de Direito.